Comment le fauteuil de bureau et quelques exercices peuvent-ils améliorer la santé au travail ?

Qualifié de mal du siècle avec la dépression nerveuse, le mal de dos est un réel problème qui touche de plus en plus de personnes, quel que soit l’âge. Avant, on accusait les professions physiques avec des tâches de manutention de provoquer les lésions. Si cela reste vrai, les personnes ayant un travail sédentaire sont également touchées par des problèmes articulaires.

Comme le qualifie cet article, la position assise est devenue l’ennemi n°1 en matière de santé publique. Qualifiée de meurtrière, elle est même assimilée à la cigarette de notre génération ! Elle induit un vieillissement cellulaire prématuré et un risque de surpoids accru. Avec en moyenne 7 heures de travail,  la position assise peut entraîner des troubles musculo-squelettiques (TMS), qui peuvent déboucher sur des arrêts de travail et même d’être qualifiés de maladie professionnelle. Pour autant une station debout prolongée a elle aussi ses inconvénients.

Que faut-il faire ? En attendant les fauteuils de bureau du futur, il est essentiel de prévenir les TMS, en aménageant son poste de travail, en choisissant un fauteuil de bureau adapté et en luttant contre le stress.

Les troubles musculo-squelettiques (TMS)

Les troubles musculo-squelettiques touchent toutes les professions, à n’importe quel stade de la carrière. Ils interviennent en raison d’une sollicitation intense, continue ou répétée de certaines zones du corps. L’Assurance maladie définit les TMS comme des atteintes au niveau des muscles, des tendons, des nerfs, des articulations et des os.

(tableau extrait du site ameli.fr)

Quelles sont les zones les plus touchées ? En premier lieu, le dos avec une affection de la colonne vertébrale reste la partie du corps la plus fréquemment atteinte, ensuite, viennent l’épaule, le coude, le poignet et le genou. Le travailleur a donc des douleurs au niveau des lombaires, des cervicales, des articulations ou des tendinites. Très répandu, le syndrome du canal carpien est une atteinte du nerf au niveau du poignet. Aujourd’hui, une petite proportion de ces troubles est reconnue comme des maladies professionnelles.

Comment apparaissent les troubles musculo-squelettiques pour une personne ayant un travail de type administratif ? Quatre principaux facteurs sont à prendre en compte :

  • Une mauvaise position sur le poste de travail est une cause fréquente.
  • La position statique durant plusieurs heures peut entraîner des tensions musculaires et nerveuses
  • La répétition du même geste (avec la souris de l’ordinateur notamment) peut déclencher et favoriser les TMS.
  • Le stress au travail, à travers le harcèlement, la cadence demandée pour satisfaire les délais ou de mauvaises relations avec les collègues et/ou la hiérarchie, est un fléau sous-estimé qui peut générer des tensions sur le corps.

Le trouble musculo-squelettique se traduit par une douleur, qui se transforme en pathologie. La personne traite la douleur avec des antalgiques, des anti-inflammatoires et des corticoïdes. La kinésithérapie peut réduire les symptômes. La douleur peut devenir un handicap qui entraîne une incapacité à travailler et donc mener à un reclassement.

Le point de vue du corps médical

Les TMS font partie des problèmes sanitaires qui préoccupent les pays européens. D’après une étude en 2002, les TMS représentaient 83% des maladies professionnelles. Qu’en est-il plus de 10 ans après ? La situation n’a guère changé, même si le corps médical communique de plus en plus sur ce mal croissant, qui peut briser un parcours professionnel et représente un budget énorme pour la Sécurité sociale.

Classiquement, le parcours de soin d’une personne atteinte de TMS débute chez son médecin traitant, qui peut lui prescrire des médicaments contre la douleur et/ou des séances de kinésithérapie. Si les douleurs persistent et augmentent, le patient est adressé à un médecin rhumatologue, qui pourra faire des investigations supplémentaires sur les causes, la pathologie et les solutions de guérison.

Des diplômes d’ergonomie ont été créés pour agir directement sur le terrain comme le master de sciences humaines et sociales mention travail et développement, avec pour spécialité ergonomie. Il permet d’acquérir des connaissances d’analyse et d’évaluation du milieu et des conditions de travail. Interprofessionnel, il forme des personnes chargées de missions pour la refonte d’un service ou modifier l’organisation.

La médecine du travail

La médecine du travail est directement concernée par ces problèmes de santé rencontrés dans le secteur tertiaire. Elle propose à chaque type de problème de posture une solution.

Comment la médecine du travail peut-elle lutter concrètement sur le terrain ? Dans le rapport “Les activités des médecins du travail dans la prévention des TMS : ressources et contraintes” de 2012, il est souligné que les professionnels de santé sont soumis à la culture de l’entreprise. En fonction de la latitude que peut lui laisser l’employeur et de sa personnalité, le médecin pourra proposer des actions en consultation, lors d’entretiens ou de visites médicales ou agir sur le terrain, en mettant en place des aménagements directement dans les locaux.

Les médecins ont un rôle consultatif d’expert en matière de prévention et participent, par leur présence, au CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) pour les entreprises de 50 salariés et plus, à construire un plan d’action contre les TMS.

L’ostéopathe

Une consultation chez un ostéopathe peut être une réponse pour prendre en charge des troubles musculo-squelettiques. L’UFOF (Union Fédérale des Ostéopathes de France) a publié une brochure sur l’ostéopathie et le monde du travail. Le professionnel peut agir, dès les premiers symptômes qui peuvent paraître bénins comme des tiraillements ou des fourmillements, qui sont de l’ordre de la gêne, avant l’apparition des premières douleurs. Le traitement peut agir sur différentes zones du corps, comme le crâne pour réduire l’activité musculaire, les tissus pour le relâchement des tensions et la respiration pour le stress. Si les douleurs sont installées et qu’elles se sont transformées en maladie professionnelle, l’ostéopathe peut soulager la personne. Le problème est que les consultations chez un ostéopathe ne sont pas prises en charge par la Sécurité sociale. À un tarif moyen de 50 euros, elles peuvent être remboursées par un forfait de mutuelle, en fonction de la couverture de la complémentaire santé.

Les ostéopathes proposent des formations Gestes et postures dans les entreprises. Inclus dans le plan annuel de formation professionnelle d’une entreprise, elles permettent de donner des conseils pratiques à utiliser au quotidien et donner une solution adaptée aux besoins de chaque entreprise.

Le kinésithérapeute

Le kinésithérapeute peut prodiguer des massages au patient et lui proposer des exercices adaptés à sa douleur. Dans son article Ergonomie, kinésithérapie et santé au travail, Gilles Barette, cadre de santé en masso-kinésithérapie et spécialiste de l’ergonomie propose à juste titre, de faire entrer le kiné dans l’entreprise, en tant qu’acteur de santé, grâce à son “rôle complémentaire d'ergonome”.

Si les équipes sportives ont toujours un kinésithérapeute à portée de main, pourquoi une entreprise ne pourrait-elle ouvrir ses portes à un professionnel de santé, qui pourrait traiter les salariés en proie à des douleurs et apporter un oeil neuf sur l’aménagement des bureaux ? Cette piste est pour l’instant envisagée que dans les grandes entreprises.

L’aménagement du plan de travail

En tant que salarié, chaque personne a son bureau personnel, qui est un espace de travail dédié que l’on peut aménager. Il existe des règles de base en matière de positionnement du corps. Le dos et les bras doivent former un angle de 90°, au niveau des coudes posés sur les accoudoirs. Il en est de même pour les jambes, dont les cuisses et les mollets doivent être pliés en angle droit.

Le fauteuil de bureau ergonomique doit être proche de la table, sous peine de créer des douleurs cervicales et dorsales. Il faut être assis au fond de son siège. Orientable et réglable, l’écran doit être surélevé pour être à la hauteur des yeux. Le travail sur 2 écrans est courant : il est donc essentiel qu’ils soient placés au même niveau et qu’ils aient idéalement la même taille et une résolution identique.

De plus en plus de personnes travaillent sur leur ordinateur portable, même sur leur lieu de travail. Pensez à surélever votre appareil et écrire via un clavier usb, afin que l’écran soit au niveau du regard et les mains au niveau de la table.

La fatigue visuelle est une donnée importante au bureau. Trop faible, la luminosité oblige à forcer sur les yeux et augmenter la lumière de l’écran, ce qui crée un fort contraste. Placé à contre-jour, le soleil peut entraîner une mauvaise qualité de lecture sur l’écran. Il suffit de tirer le store pour retrouver le bon équilibre pour la luminosité. Il est important de ne pas se placer trop près de l’écran à 50 centimètres minimum. La lampe de bureau doit être placée à côté de l’écran et non au-dessus. Éclairage d’appoint, elle ne doit pas éblouir.

Ces conseils s’appliquent également aux travailleurs indépendants, qui peuvent aussi bien s’installer sur leur table de salle à manger que dans un espace de coworking.  Retrouvez tous ces conseils de bon sens dans la vidéo ci-dessous vidéo, montrant que l’ergonomie peut se faire également à la maison, sans acheter de matériel spécifique.

Quel fauteuil de bureau choisir ?

Le fauteuil de bureau est un élément essentiel, que bon nombre d’entreprises achètent sans tester, avec comme unique critère, le budget. Pourtant, en fonction des professions, une personne peut passer entre 6 à 10 heures par jour, sur ce siège. Du fauteuil de bureau, vont dépendre le positionnement sur le bureau, la hauteur des yeux et la tenue de la personne dans son espace de travail.

Le siège doit être réglable en hauteur de dossier et d’assise. La zone lombaire doit arriver bien en bas du dos, pour assurer un maintien, tandis que l’assise doit permettre de poser les pieds à plat au sol. Il en est de même pour les accoudoirs, qui ne doivent pas servir pour la décoration. Il est nécessaire de les régler afin qu’ils puissent soutenir les coudes, de manière à ce que les avant-bras soient posés sur le bureau.

La translation d’assise permet de régler la profondeur du siège, ce qui peut être utile pour les personnes petites dont les pieds peuvent ne pas toucher le sol.

Comme nous le soulignons dans la page de notre site dédiée à l’ergonomie du fauteuil de bureau, la donnée la plus importante, lors du choix d’un fauteuil de bureau, reste le mécanisme. Méconnu du grand public, il permet un réglage entre le dossier et l’assise. Pour résumer, on compte 3 sortes de mécanismes :

  • Le système synchrone. Le basculement de l’assise et du dossier est synchronisé, ce qui permet de suivre les mouvements du corps. L’intensité du renversement se fait selon le poids de la personne. Il est idéal pour une utilisation intensive.
  • Le mécanisme basculant décalé. L’inclinaison du siège est totale. En un seul mouvement, l’assise et le dossier basculent de manière solidaire. Toutefois, la bavette d’assise reste au même niveau, ce qui permet aux pieds de toucher le sol, même si lorsque l’on s’appuie de tout son poids en arrière. Il convient pour un usage modéré.
  • Le basculant classique, avec un axe centré. Moins performant, il a le même mode de fonctionnement que le précédent, sauf qu’en cas d’appui sur le dossier, l’assise remonte, ce qui fait décoller les pieds du sol et donc solliciter davantage le dos. Il est à réserver à une utilisation de courte durée au quotidien.

Les accessoires de bureau

Aujourd’hui, il est possible de réaliser une adaptation sur mesure de son poste de travail. Il est fondamental de garder le dos bien droit même assis. Pour les torsions du buste et des membres supérieurs, privilégiez un clavier portable USB au clavier intégré, afin de le positionner sans contrainte. Un support d’ordinateur est un atout pour placer l’écran à la hauteur des yeux et éviter les cervicalgies.

Le fauteuil de bureau représente un coût non négligeable que certaines PME ne peuvent pas se permettre pour remplacer un siège en bon état. Si ce dernier est mal adapté ou peu confortable, il est possible d’apporter plus de confort au niveau du dossier, avec un support lombaire.

La majorité des modèles sont en maille avec des zones de renfort ergonomiques au niveau du bas du dos. Souple, il apporte un soutien à la colonne vertébrale. On en trouve, même en version thermoactive, pour chauffer la zone avec du froid ou du chaud. Pratique, ce type d’accessoire s’adapte à tous les sièges, grâce à des sangles élastiques.

Pour se tenir bien droit, investissez dans un repose-pied, pour surélever les jambes et éviter de les croiser, ce qui ne favorise pas la circulation veineuse. Incliné, il permet de poser les pieds bien à plat. Accroché au bureau, le repose-bras ergonomique apporte un soutien non négligeable à l’avant-bras. Il peut être équipé d’un tapis de souris pour maintenir le bras et favoriser un positionnement optimal.

Le tapis de souris peut avoir des coussins en gel de silicone pour soulager le poignet. On trouve un système similaire pour reposer les bras, lorsque l’on écrit au clavier.

Les moyens de prévention au bureau

La prévention passe par l’aménagement de son bureau. Toutefois, les entreprises commencent à mener des actions qui vont au-delà de la prévention des risques et se lancent dans des campagnes de bien-être au travail. À juste titre, les employeurs se rendent compte que, pour diminuer le nombre d’arrêts de maladie et favoriser la productivité de leurs salariés, il est essentiel que son employé se sente bien au travail.

De nombreuses activités débarquent en entreprise comme le yoga, la sophrologie ou même la méditation pour apporter détente et sérénité, afin d’évacuer le stress. Le bénéfice va bien au-delà, en améliorant la qualité de sommeil et en permettant à la personne de rester calme en cas de situation tendue. L’ambiance générale peut même s’en ressentir, avec moins de conflits hiérarchiques et relationnels.

Des activités comme la gym douce et d’entretien ou le Pilates peuvent agir sur le corps. Avec des accessoires comme le ballon ou l’élastique ou pratiqué sur un tapis de sol, le Pilates permet de renforcer les muscles profonds, ce qui a un impact positif sur les douleurs et apporte une tonicité corporelle. Vu que le travail postural est complet, le corps se redresse, ce qui oblige à se tenir plus droit.

Le shiatsu s’inscrit bien dans une démarche de prévention. En effet, par la pression des doigts sur le corps, la personne libère ses tensions. Il peut intervenir dans le cadre d’actions ponctuelles autour du bien-être.

Bien aimée des danseurs, la méthode feldenkrais est une technique pour prendre conscience de son corps, à travers des mouvements lents qui ne demandent pas un effort musculaire. La personne apprend donc à s’économiser et à être connectée à elle-même, afin de ressentir ses propres sensations.